« Les aventures de Régis »

Me voilà arrivé depuis près de 3 mois auprès d’une communauté Jésuite à Tacuarembó, petite ville tranquille au fin fond de la pampa uruguayenne, où la population vit simplement de l’agriculture ou de l’artisanat. C’est le moment de faire le point !

Mes activités sont très diverses : j’interviens à la fois auprès d’élèves d’un ensemble scolaire allant de la maternelle à la terminale et dans une paroisse, notamment autour de l’écologie avec en toile de fond le « Laudato Si » du pape François. Cette intervention se décline en actions de sensibilisation, développement d’un potager ou d’un compost avec des enfants. Par ailleurs je participe à des travaux « de solidarité » avec des ados du secondaire, divers temps spirituels accompagnés parfois de sport et peut-être même le montage d’une coopérative avec des producteurs locaux. Un matin je suis avec des enfants les mains dans la terre, l’après-midi à visiter des familles dans un quartier populaire, et le soir en train de préparer un temps de prière du dimanche qui arrive !

L’Uruguay, en comparaison d’autres pays du Sud, paraît de loin plus « européen » : politiquement et économiquement stable, avec une population descendant très majoritairement de migrants européens… Et pourtant, de près, il y a bien des choses qui marquent : l’importance de prendre le temps pour parler ou saluer les gens, la spontanéité aussi, on ne fait pas de réunions d’anticipation des événements mais plutôt « comme ça vient »… Il a fallu que je m’habitue à cela.

Je suis ici autant pour apprendre que pour transmettre, et la plupart du temps, j’apprends en faisant avec les habitudes et les moyens d’ici.  J’ai passé pas mal de temps à comprendre avant de pouvoir vraiment agir : comprendre la langue même si je la maitrisais déjà un peu, comprendre les habitudes, les différentes personnes avec qui je devais réaliser mes missions, les marges de manœuvre.

Il m’est intéressant de développer ici une sensibilité écologique alors qu’il y a de fait un mode de vie déjà écologique : il n’y a pas toutes ces zones commerciales avec des rayons d’achats à n’en plus finir… On utilise un produit jusqu’au bout en le réparant et on recycle plus facilement chez soi. En Europe, nous avons la conscience écologique qui manque d’actes, ici nous avons les actes sans en avoir forcément la conscience !

J’ai quitté une vie confortable, avec appartement et voiture pour venir « aimer et servir ». C’est un véritable chemin de vie et chemin de foi. J’apprends sur moi et sur ce qui constitue mon identité en me confrontant aux autres, et j’approfondi ma foi avec des temps de prière ou de réflexion sur la vie de Saint Ignace. Là, les paroles de l’évangile résonnent plus que jamais dans mon esprit et le discernement propre à la spiritualité ignacienne guide mes actes : je comprends mieux si ce que je fais ou pense est juste et bon, me permet de m’élever vers la lumière divine, ou si cela est stérile, incommodant pour les autres comme pour moi et m’abaisse vers les ténèbres. 

A 3 mois d’expérience je me sens « en changement », qui me sera certainement bénéfique pour mon retour en France où ma vision des choses sera, à n’en pas douter, bien différente. Mais pour le moment, j’ai beaucoup à faire ici, lors de cette expérience qui vaut vraiment la peine d’être vécue et je remercie le Seigneur de m’avoir envoyé ici.