Le Carême et la Semaine Sainte ont été l’occasion de découvrir une autre manière de vivre ma foi, parfois un peu déconcertante car l’expérience de Dieu y est moins individuelle et intérieure que collective.
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Le jour du mercredi des Cendres, les églises sont ouvertes, et chacun vient faire la file pour recevoir les cendres sur son front puis repart comme il est entré. Il n’y a pas nécessairement de célébration ni de recueillement particulier dans l’église. Ce jour-là, je me suis posée la question du sens que les gens donnaient à cette démarche. Il n’était sans doute pas là où moi je le mettais.
Le soir du Jeudi Saint, il est de coutume d’aller dans sept églises différentes, une sorte de pèlerinage dans la ville. Les paroisses exposent et décorent le Saint Sacrement et organisent une veillée de prière ainsi qu’une procession avec les statues des saints patrons pour certaines d’entre elles. Les rues grouillent de monde, les gens entrent et sortent des églises. Cette ferveur populaire était nouvelle pour moi, le bruit et les allées et venues ne m’ont pas vraiment aidée à prier ce soir-là. Avec le recul, je crois que ce n’était pas tant l’intériorité qu’il fallait rechercher mais plutôt m’imprégner de l’atmosphère générale.
Je ne peux parler de la semaine sainte sans vous dire un mot sur les processions. Beaucoup de paroisses organisent des processions, mais les plus traditionnelles et les plus impressionnantes sont celles de la semaine sainte à Popayán, elles ont été d’ailleurs classées au patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO. Chaque jour entre le mardi et le samedi précédant Pâques, on emmène en procession dans la ville des châsses extrêmement lourdes sur lesquelles se trouvent des statues en bois décorées. Le savoir-faire traditionnel de la préparation des processions se transmet de générations en générations. Tour à tour, dans une atmosphère recueillie, la musique et le silence accompagnent le lent défilé des hommes qui portent les statues. Très impressionnant et très dépaysant.
Le carême et notamment la semaine sainte m’ont fait faire l’expérience d’une autre manière de vivre sa foi, plus collective et communautaire, et à laquelle je n’étais pas habituée. Cela m’a amenée à me poser des questions qui m’ont mises face à ma propre façon de vivre ma foi et m’ont encouragée à chercher pourquoi telle ou telle manière de prier me convenait, ou pourquoi, au contraire, telle ou telle chose me mettait mal à l’aise ou ne me satisfaisait pas. Je me suis rendue compte combien la spiritualité est intimement liée à la culture dont on est issu.

Gabrielle

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Gabrielle, volontaire international à Cali en Colombie.
Témoignage de Gabrielle, après 1 an de volontariat en Colombie.