L’eau, la mort et la Vie

L’expérience d’une grande espérance avec les Communautés Ecclésiales de Bases
Anne, volontaire INIGO en Equateur

Anne, volontaire INIGO en Equateur

La saison des pluies à Guayaquil avait commencé en douceur toute fin décembre, pour se terminer en Avril. Février et Mars sont les mois les plus rudes. C’est durant ce mois de Mars que j’ai véritablement découvert ce que pouvait-être un « aguacero* » à Guayaquil.

(*averse, inondation)

J’étais en visite dans une des communautés proche de la Casuarina. L’idée du jour : partage de vie, savoir comment elles allaient? J’avoue que j’étais un peu inquiète après cet aguacero, qu’allais-je trouver ? La rue de terre et de pierre qui mène à la maison de Grace avait changé d’aspect, la pluie avait tout raviné, un petit ruisseau que je n’avais jamais vu, coupait le chemin. Elles allaient bien, l’eau était entrée dans les maisons mais elles avaient pu protéger leur famille, quelques meubles en s’aidant entre voisins.

Puis nous avons parlé de ce qui s’était passé dans les quartiers autour. Certains Barrios ont été fortement touchés : maisons complètement inondées, ou effondrées. Les femmes m´ont raconté que l´eau entre comme une vague, reste toute la nuit, puis en quelques heures s´en va laissant matelas, meubles, vêtements, … remplis d´eau et de boue, inutilisables… et laissant une famille choquée après une nuit à prier dans l’eau. Et puis après la pluie, les moustiques viennent pulluler dans chaque petite flaque d´eau, l´humidité et la chaleur sont propices aux maladies, aux problèmes de peau visibles surtout sur les enfants. Il y a eu aussi quelques drames …

Et au milieu de tout ça : une grande espérance ! A la fin de la rencontre, après tout ce que nous venions de parler, de voir, d’analyser, les besoins, elles ont demandé :

« Nous voudrions aider ce qui ont été le plus touché par l’aguacero, les visiter, faire quelque chose… Comment faire ? Peux-tu nous aider ? »

Communauté de base en Equateur, photo d'Anne, volontaire INIGO en Equateur

Communauté de base en Équateur,entraide communautaire

Je les ai mis en contact avec d’autres communautés qui travaillent avec Hogar de Cristo, et nous sommes allés, les bras chargés de sac de vêtements, visiter quelques familles. Parmi les « merci » reçut il y avait un « merci parce que personne n’était encore venu nous visiter ».

Ça a été comme un coup dans le ventre.

Au final pas besoin de lire milles livres, de réunion avec la hiérarchie, dans des bureaux … il a suffit d’un petit espace dans une maison, un espace pour qu’elles s’expriment, parlent de leur réalité, s’écoutent. Voir – Juger – Agir ensemble, depuis la base.

A moi qui me sentais tant impuissante, elles m’ont offert ce témoignage. Il suffit de presque rien, visiter, donner un peu d’attention, et si possible un peu plus (quelques habits et un peu de nourriture à partager dans ce cas-ci).

A marcher dans les rues de Monte Sinai avec la communauté de Grace pour visiter ses habitants j’ai eu ma plus belle expérience d’Eglise.

Anne