Béatrice : Je suis ici la petite main entre ceux qui travaillent sur des projets pour les réfugiés et les financiers/comptables. Je dois m’occuper des lieux en supervisant le jardinier (John), la cuisinière (Gladys), les deux femmes de ménage qui font bien plus que du ménage (accueil, lien social, cuisine si la cuisinière n’est pas là, …) (Jacinta et Betty), les gardiens (ils sont 4 à se relayer jour et nuit à la porte) et les chauffeurs (Paul et un nouveau Emmanuel). Ils sont là depuis longtemps, connaissent leur travail et je suis donc plus là à leur écoute pour voir avec eux les stocks, les entretiens particuliers auxquels penser, vérifier les plannings et les écouter en cas de difficulté. Je suis responsable de l’entretien du lieu . La petite difficulté c’est qu’on a zéro outils pour ça (même pas un tournevis, juste un marteau cassé!) et qu’on a quasiment pas de budget. Je suis en train de faire la liste des travaux d’entretien nécessaires pour ensuite essayer d’avoir des prix et de voir selon le budget les priorités à se donner.

Toutes les petites factures pour le bâtiment (eau, repas, ordures, essence, …) passent par moi pour vérification avant d’être transmis aux comptables. Ce mois-ci les 2 comptables étaient très pris (audits des donneurs, clôture comptes 2018, formation, …) et certaines factures ou demandes de chèque n’ont pas été jugées prioritaires … j’attends toujours le chèque (qui doit être signé par 2 personnes après avoir rédigé 2 papiers avec sur chacun 4 signatures!) pour payer l’essence de mars. Faute d’être payée, la station essence ne veut plus nous autoriser à prendre de l’essence et les réservoirs des voitures sont bientôt vides ! Un peu, beaucoup agaçant mais je ne vais pas révolutionner le fonctionnement … alors je le prends avec humour. Je dois aussi m’occuper des réservations de billets d’avion et taxi pour toute l’équipe y compris ceux qui travaillent à Kakuma, le camp de réfugiés au nord-ouest du Kenya, et qui reviennent pour leur repos tous les 20 jours sur Nairobi via des vols Echo (communauté européenne), UNHAS (nation unis) ou commerciaux. Enfin, je suis chargée des achats c’est à dire une fois que quelqu’un exprime un besoin et qu’il est validé budgétairement de trouver des vendeurs, de faire une étude de marché en demandant à chacun un devis puis de faire la sélection de la meilleure offre. Cela présente deux difficultés essentielles : avoir une demande initiale claire (facile quand il s’agit de papiers toilettes et encore il y a plein de qualités différentes, plus compliqué quand on me demande des réservoirs d’eau pour un champ sans me dire s’il faut les raccords, le socle, …) et obtenir des devis comparables (chaque vendeur a sa marque, sont-elles équivalentes ? + ils se font désirer pour donner un devis et il faut revenir à la charge plusieurs fois, attendre parfois deux heures dans le magasin le temps qu’ils impriment le devis). Avec ça, il faut tout tracer et avoir les papiers comme les comptables les veulent (car les auditeurs les exigeront), dans ce sens et pas celui là …. Un des programmes qui m’occupe bien en terme d’achat est le démarrage d’une ferme sur laquelle les réfugiés pourront venir et en tirer un revenu. Je vous en dirais plus dans la prochaine lettre, histoire d’en garder. Mon niveau d’anglais est un peu limité pour tous les mots techniques dont j’ai besoin (essui-glace, boîte à vitesses, chenaux, …) mais bon tout le monde est gentil avec moi !

Sylvain: Je continue d’enseigner le français aux étudiants de la « Secondary Technical School » de St Joseph dans le bidonville de Kangemi. Les élèves ont terminé leur premier trimestre il y a 3 semaines (ici nous sommes dans l’hémisphère sud et la rentrée des classes se situe en janvier/février avec deux « coupures » qui marquent les fins des deux premiers trimestres, l’une autour de Pâques que nous venons de vivre et la seconde autour du mois d’août (la fin de l’année scolaire se situant en décembre). Je participe également aux temps d’éducation physique qui ont lieu deux fois par semaine avec l’ensemble des élèves. Ceux-ci peuvent choisir entre plusieurs activités, notamment le football et le volley-ball. C’est l’occasion de travailler et d’échanger avec les élèves dans un autre cadre, moins académique et j’ai pu retrouver avec joie mes gestes de volleyeur. Par ailleurs, j’ai commencé à participer à la pastorale des jeunes à travers un « holiday camp » (camp de vacances) qui se tenait sur la paroisse pour les jeunes du bidonville pendant la semaine qui a suivi Pâques. Durant cette semaine les jeunes (primaires et secondaires) sont ensembles sur la paroisse (goûters et déjeuners inclus), suivent des temps d’enseignement et de partages autours de thèmes divers (Relations et sexualité, Drogues, Vocations, Sacrements,…) et des temps de détentes (jeux en intérieur ou extérieur selon la météo). L’ambiance est incroyablement joyeuse et participative même quand les sujets abordés sont durs et peuvent les toucher de près.